Leila, 15 ans. Française. Lycéenne en 1re ES. «Mon père a toujours
été méchant avec nous, il ne faisait que nous frapper. Nous sommes partis plusieurs fois en foyer avec notre mère, la famille et les voisins nous disaient: "Il ne faut pas faire ça, il faut rentrer. Alors, ma mère retirait les plaintes et on revenait. L'été 1998, comme chaque été, nous sommes partis au Maroc en voiture. Là-bas, mon père me dit: "Tu vas te marier avec mon neveu. J'ai dit: "Non, je ne l'aime pas. Depuis que je suis née, j'ai peur de mon père. Là en plus, j'avais peur qu'il me coince en me prenant mes papiers. Finalement, j'ai dit oui. Il m'a emmenée devant une espèce de juge, j'ai signé des papiers en arabe que je n'ai même pas lus. Il y a eu une fête, on m'a habillée avec la robe de mariée, j'ai la vidéo du mariage. Toute la famille était d'accord, seules mes soeurs et ma mère étaient contre. Je n'étais pas formée, je ne pouvais donc pas vivre avec mon mari. On est rentrés en France. Au début, je ne pouvais pas en parler à mes copines. »En janvier 1999, ma mère a commencé le divorce, et là j'ai pu lui dire que je ne voulais pas de ce mariage. A Pâques, nous sommes parties au Maroc avec maman pour dire au revoir à mon grand-père, qui était mourant. Quelques heures après sa mort, la police est venue me chercher: "Il faut qu'elle aille chez son mari, c'est la loi. Ma tante a eu le temps de me cacher, ils sont repartis juste avec les papiers de ma grand-mère. "On les garde jusqu'à ce que tu nous