Aminata est arrivée en France il y a huit ans. Elle est la deuxième
épouse d'un ouvrier sénégalais aujourd'hui en préretraite. «J'avais 15 ans, et lui plus de 50.» Elle a donné naissance à deux enfants, vit avec eux dans un F6 aux côtés de son mari, de «l'autre dame» (la première épouse) et des neuf enfants de celle-ci. Elle ne possède pas de titre de séjour. Elle souhaite rentrer au Sénégal. Son mari l'y encourage, car, pour obtenir le renouvellement de son propre titre de séjour, il est obligé d'adopter la monogamie et doit divorcer d'une de ses deux femmes. Mais il refuse de la laisser partir avec ses enfants, lui a confisqué son passeport et le livret de famille. L'association femmes 2 000 (1) a expliqué à Aminata qu'elle était régularisable, mais elle veut quitter la France. «Ici, je n'ai personne, pas de frère ni de cousin. Quand je serai divorcée, je ne serai plus rien. Si je tombe malade, je ne peux pas me faire soigner, seule "l'autre a droit à la Sécurité sociale. Je ne peux rien payer à mes enfants. Il me donne 200 francs par mois.» Elle ne connaît pas le mot «allocations familiales», n'ose pas faire des ménages au noir car «l'autre dame» a menacé de la dénoncer. Fatima, une voisine marocaine, témoin des violences qu'Aminata et ses deux enfants subissent de la part du reste de la famille «même les enfants de l'autre femme la tapent» a entrepris des démarches pour qu'ils soient accueillis en foyer. «Mais sans papiers, personne n'en veut. Je doute qu'elle résist