Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin), envoyée spéciale.
Les panneaux «Interdit aux plus de 3,5 tonnes» sont tout neufs, les gendarmes se tiennent aux aguets, et la cafétéria du Relais du Val-d'Argent reste désespérément vide. Depuis le 1er mars, les camions ne peuvent plus emprunter le tunnel transvosgien Maurice-Lemaire, qui relie l'Alsace à la Lorraine, et la région en est toute tourneboulée. Les entreprises locales chiffrent leur manque à gagner, les élus s'agacent de cette décision «brutale» et «mal préparée», et les routiers ne s'arrêtent plus matin, midi et soir, pour manger chez les Di Sabatino. Désormais, les poids lourds qui opèrent dans la région déboulent des cols vosgiens, dépourvus de voies de détresse en cas de freins défaillants, et tournicotent dans les rues étroites du gros bourg de Sainte-Marie-aux-Mines (5 816 habitants) où ils longent, entre autres, une école maternelle et un lycée.
Le «poumon de la vallée». Après la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc qui, le 24 mars 1999, avait fait 39 morts, le gouvernement avait imposé un diagnostic de sécurité à tous les ouvrages d'une longueur supérieure à un kilomètre. Maurice-Lemaire, le plus long des tunnels situés exclusivement en territoire français (6,95 km), ancien passage ferroviaire converti à la circulation automobile depuis 1976, était du lot. Verdict: la gaine de ventilation du tunnel et les éléments qui la retiennent à la voûte «n'auraient pas tenu plus de cinq minutes» en cas d'incendie, comme l'indique le