Roland Dumas se dit «meurtri», «brisé», et pourtant il n'en a pas
l'air. L'ancien président du Conseil constitutionnel, démissionnaire il y a une semaine, a dévoilé sa stratégie de défense dans une interview au Nouvel Observateur daté d'aujourd'hui. Un avant-goût de l'autoplaidoirie qu'il devrait faire devant le tribunal correctionnel, le 19 juin. «Je redeviens avocat, et mon premier procès sera le mien, déclare-t-il. Je me battrai jusqu'au bout, jusqu'à la Cour de justice européenne s'il le faut. La bataille commence.» Son «J'accuse» commence par un «Je me défends». L'argent reçu par Christine Deviers-Joncour ne lui était pas destiné. Pas plus que l'appartement de la rue de Lille, ou les dépenses de carte bancaire accumulées par les juges. Dumas se dit victime d'une «machination d'origine politico-policière». Il connaît même s'il ne peut «les dévoiler» les noms des auteurs des lettres anonymes, douze en trois mois, qui ont «orienté l'instruction». Venus «d'un milieu semi-officiel: des gens proches des services secrets», pour «jeter un rideau de fumée sur la vraie affaire».
La vraie affaire, l'ancien ministre la révèle aujourd'hui: il s'agit «des retours de commissions sur la vente des frégates à Taiwan, qui auraient dépassé la somme faramineuse de 5 milliards de francs». Selon Dumas, ces 5 milliards auraient été détournés sur les commissions promises aux intermédiaires du groupe Thomson. Est-ce bien sérieux? Il y a deux ans, à la veille de sa mise en examen, Dumas avait