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Libération

Mohamed K. ou le vrai visage d'un acquitté. Les jurés ont reconnu non coupable un homme arrêté sur sa simple ressemblance avec un portrait-robot.

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publié le 10 mars 2000 à 22h57

Près d'un an de prison provisoire, trente mois d'angoisse, deux

jours de procès et, hier, un acquittement. Ainsi est allée, depuis trois ans, la vie de Mohamed K. Au départ, un portrait-robot établi sur ordinateur avec l'aide de quatre employés du Crédit mutuel du Perreux (Val-de-Marne). Un visage rond, joufflu, un front dégarni, un nez très épaté, des yeux noirs, un type oriental. Qu'ajouter? Que ce dessin n'est pas sans rappeler le visage de Mohamed K. Et aussi les visages de beaucoup d'hommes de 20 à 40 ans d'origine maghrébine, un peu rondouillards et qui ont les yeux noirs. Qu'importe si Mohamed K. a le nez droit et le cheveu abondant. Il s'est quand même retrouvé devant la cour d'assises de Créteil, accusé de vol à main armé, crime puni d'une peine de un à vingt ans de prison.

T-shirt blanc. Le 9 avril 1997, un homme pénètre dans la succursale du Crédit mutuel. Il est 11h40. «J'ai croisé le regard de la personne qui entrait, puis je suis retourné à mes occupations, explique aux jurés Thierry V., directeur de l'agence. Après, entendant une exclamation, j'ai relevé la tête et remarqué l'individu en train de mettre sa cagoule.» Annick G. raconte qu'elle s'est retournée et retrouvée «à 1,50 mètre d'un homme avec une arme à la main, qui essayait de mettre une cagoule avec l'autre main». L'homme vide les caisses et demande le coffre. «Le directeur lui a dit qu'il y avait une temporisation. Il n'a pas insisté. Le directeur l'a raccompagné à la porte. Il est sorti, a pris le t