En France, les croque-morts sont tricolores et se méfient des
étrangers. Il faut être français pour diriger une entreprise de pompes funèbres comme pour diriger une salle de spectacle, vendre du tabac, être avocat ou relever le gaz. Ce sont au total plus de 7 millions d'emplois qui sont ainsi peu ou prou interdits aux étrangers non européens, soit 30% du total. Le tout nouveau Groupe d'étude sur les discriminations (GED), dans une note qui vient d'être transmise au gouvernement et que Libération s'est procurée, insiste sur cette «forme méconnue de discrimination: les emplois fermés aux étrangers». Et propose, sans trop prendre de gants, de leur ouvrir toutes les professions qui ne sont pas liées à un exercice de la puissance publique. Soit au moins 70% des métiers de la fonction publique, ce qui fait un peu tousser les fonctionnaires.
Héritage ancien. Les emplois dans les trois fonctions publiques d'Etat, hospitalière et territoriale interdits aux étrangers non communautaires sont en effet évalués par le GED à 5,3 millions. Il y ajoute un million d'emplois réservés à la Poste, EDF-GDF, Air France et dans les établissements publics industriels et commerciaux. Dans le privé, une cinquantaine de professions sont fermées aux étrangers (environ 615 000 emplois), une trentaine d'autres requièrent un diplôme français (625 000), ce qui est une autre façon de fermer la porte.
Ce mouvement de protection des professions remonte au milieu des années 1880, dans un climat assez malodoran