«C'est vraiment un sujet pas facile», prévient un conseiller du
ministre de l'Agriculture, Jean Glavany. «Moins on en parle, mieux on se porte, parce que c'est un sujet polémique», affirme Jacques Pujol, délégué général de la Fédération des exploitants d'abattoirs. Le sujet en question, c'est la fête de l'aïd el-kébir, au cours de laquelle chaque chef de famille musulmane est censé égorger un mouton. Et les «voeux très cordiaux de bonheur et de prospérité» du ministre de l'Intérieur, Jean-Pierre Chevènement, aux musulmans de France, mercredi, n'y changent rien.
L'aïd el-kébir n'est pas une fête comme les autres. Elle commémore le geste du prophète Abraham, à qui Dieu avait demandé de sacrifier son fils Isaac. En reconnaissance de son obéissance, Dieu lui avait permis, au dernier moment, d'égorger plutôt un mouton. Hier, les musulmans de France ont donc célébré l'aïd el-kébir, et plusieurs centaines de milliers de moutons y ont laissé leur peau. Combien? Mystère. «144 000 pour l'année dernière», déclare-t-on au ministère de l'Intérieur. «144 000? Je dirais plutôt entre 400 000 et 600 000», corrige Emmanuel Coste, président de l'interprofession ovine. Le gouvernement cherche-t-il à minorer le nombre d'animaux abattus? Même si les ministères (Intérieur et Agriculture), en charge du bon déroulement de la manifestation, affirment que les choses s'améliorent, le sujet reste de ceux qui fâchent. «On a des pressions de plus en plus fortes des associations de défense des animaux», con