Il n'y a pas d'affaire du fioul contaminé. Les quelques milliers de
bénévoles de la marée noire n'ont pas plus de probabilité de développer un cancer de la peau que la moyenne nationale. La polémique sur une pseudo-conspiration de l'Etat et de Total, qui auraient délibérément caché aux bénévoles la nature cancérigène de ce mazout, a été dégonflée mercredi par une théorie de scientifiques devant la commission d'enquête parlementaire de l'Assemblée nationale sur la sécurité du transport maritime.
Selon les représentants de sept organismes publics chargés du suivi sanitaire de ce type de polluant (1), des informations ont été données sinon entendues dès le début sur le caractère toxique de la marée noire et les précautions à prendre. Seul contre tous, Bernard Tailliez, directeur d'Analytika, un petit laboratoire privé, maintient qu'«il aura fallu trois mois pour que soit connu en détail le caractère cancérigène de la cargaison». Mais ce qui a surtout été révélé, c'est l'incapacité des autorités à diffuser un message sanitaire clair à la population en matière de risque environnemental.
Un risque «négligeable». Certes, le fioul de l'Erika contient une forte proportion d'hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) classés cancérigènes, dont des benzo (a) pyrène, les plus toxiques. Mais le risque dépend de la durée d'exposition à ce produit «dangereux». Essentiellement par contact cutané, «car les émanations des composés volatils sont peu importantes», a expliqué le docteur Bae