Mieux vaut assister à ça que d'être sourd. Vendredi, le cinéaste
Jacques Kebadian comparaissait pour «émission de bruits portant atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l'homme». Ses «vociférations» sur la voie publique, le 5 décembre 1998, auraient mis en péril le système auditif des habitants de la rue Montorgueil (1) à Paris. La police, tout comme le tribunal éponyme, a cru faire son devoir: traquer la très très petite délinquance.
Auteur d'un long-métrage sur l'occupation de l'église Saint-Bernard par des sans-papiers, intitulé D'une brousse à l'autre, Kebadian est un peu sensibilisé à la problématique des immigrés et des contrôles d'identité. Aussi, lorsque des agents de la force publique s'en prennent sous ses yeux à un individu d'origine africaine, il met fatalement son grain de sel. «Un policier m'a dit: "Circulez! Mais j'ai parfaitement le droit d'assister à la scène!» Le Black de la rue Montorgueil n'est finalement pas le voleur à la tire recherché. «Pour éviter de rentrer bredouilles à la maison», dit le cinéaste, les policiers le verbalisent. A ce stade de l'audience, la procureur du tribunal de police met un point d'honneur à caricaturer sa fonction: «Je suis sidérée, sidérée" Dans ce cas, il ne faut pas nous demander sans cesse d'agir en citoyens.
Et alors, si cet individu a commis un délit?
Mais il a été relâché" Et alors? Vous n'avez pas le droit d'intervenir. Je rêve!»
Dans l'assistance, une femme murmure à voix haute: «C'est nous qui r