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Libération
TRIBUNE

Le temps d'apprendre

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L'école doit redéfinir sa spécificité et ses fins dans une société où l'acquisition du savoir passe par bien d'autres relais.
par Hélène Merlin-Kajman, professeur de littérature française (Paris-III).
publié le 20 mars 2000 à 23h26

Le débat engagé autour de la réforme des programmes de français de l'enseignement secondaire tourne autour d'un point aveugle: la définition de la littérature ne fait plus aujourd'hui en France l'objet d'un consensus, ce qu'on ne peut déplorer. Au-delà, la réforme touche en fait à la définition de l'exercice de la parole en démocratie, car «la maîtrise progressive de l'expression est un élément essentiel dans l'accès à la citoyenneté» (B.O. n° 6, 12 août 1999). Aussi invite-t-elle les enseignants à «construire des situations d'échanges verbales propices ["] à la construction du sujet en tant que locuteur efficace» (cahier des charges de la Dafpen, 12 janvier/00). Serait-ce la définition du citoyen?

Les vieilles querelles ne sont pas toujours périmées: la parole humaine procède-t-elle exclusivement d'une intentionnalité oeuvrant dans un dispositif de forces et d'intérêts? Est-elle la guerre continuée par d'autres moyens? Ou bien le lieu d'une humanisation qui passe avant tout par l'écoute attentive, la passivité apparente de la réception et peut-être même un certain renoncement à la maîtrise?

La réforme induit à trancher. Les élèves s'exerceront à des genres variés: fiction, éloge et blâme, discours polémique, reportage écrit ou filmé, caricature, et, pourquoi pas, invective célinienne ou hymne religieux. Car toutes les productions langagières, littéraires ou non, sont envisagées sous l'angle, rhétorique et technique, de leur efficacité propre.

Or, le problème actuel des enseign