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Libération

Au procès des Basques, retour sur une fusillade vieille de 17 ans. «Tire-lui dans les pattes».

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publié le 25 mars 2000 à 23h18

Quand il s'approche de la barre de la cour d'assises spéciale de

Paris, le gendarme Jean-Pierre Plouzeau se donne des airs désinvoltes. Sourire, mains dans les poches. Le 7 août 1983, avec le gendarme Yves Giumarra, il prend part à la fusillade du camping de Léon (Landes). Face à eux, ce jour-là: quatre militants d'Iparretarrak (IK). Son collègue meurt. Lui est blessé. Soudain, on comprend: les mains dans le jeans, c'est probablement pour masquer l'index qui manque, à la main droite. Le gendarme Plouzeau n'est pas désinvolte. Mais discret. Sa voix est calme; ses mots, pesés. Son témoignage est capital: il est la victime, et l'homme qui a vu la scène au plus près. Il raconte. Dimanche 7 août 1983, 19 heures. Prévenue par un tuyau, la gendarmerie soupçonne quatre membres d'IK d'être venus s'abriter dans le camping de Léon, après l'incendie d'une villa, quelques jours plus tôt. Arrivés sur les lieux, Plouzeau et Giumarra croisent une 4L suspecte. Ils la filent: «Notre intention était de les suivre, pas de les arrêter. Nous ne savions pas à qui nous avions affaire. A des activistes? A des sympathisants?» «Faites pas les cons!». Après un demi-tour, la 4L s'immobilise. C'est le face-à-face. «Nous sommes sortis tout de suite, souffle Jean-Pierre Plouzeau, l'arme au poing. On leur a demandé de se rendre.» Un premier homme s'exécute, «le pistolet tenu par la crosse, comme s'il voulait le jeter». Puis un autre. Puis un troisième. «On leur demandait de ne pas opposer de résistance.» U