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Libération

Loi du silence sur les «câlins méchants». Un bénévole d'une association catholique jugé pour viols sur une douzaine d'enfants.

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publié le 25 mars 2000 à 23h18

Les câlins méchants. A la barre du tribunal, Guillaume confirme: «à

l'âge que j'avais, je n'avais pas trouvé d'autres façons de dire ça. C'était la façon la plus gentille pour qu'il arrête». Depuis l'ouverture du procès de Jean-Pierre Fauvel, mardi aux assises de Paris, on ne parle que de «ça», mais en des termes plus crus, précis: attouchements, masturbations, fellations données et reçues" Jean-Pierre Fauvel, 41 ans, est accusé d'avoir commis des viols ou des agressions sexuelles sur une douzaines d'adolescents, entre 1988 et 1995. Cette année-là, Guillaume brise le silence. Et sa confession entraîne la découverte d'autres victimes, toutes membres du patronage catholique, le Chantier où Jean-Pierre Fauvel fut animateur bénévole pendant des années. Ce coup de projecteur, le Chantier aurait préféré l'éviter. D'autant qu'au fil des débats, l'auditoire comprend que la direction de l'association a fait beaucoup d'efforts pour ne rien voir. Claire Dubliez, avocate de la défense, évoque un «univers où règne la loi du silence», où on «banalise» certains comportements.

«Initié». Jean-Pierre Fauvel reconnaît tous les faits. Même quand il ne se souvient plus: «s'il le dit, il a sûrement raison». Il jette autour de lui des regards apeurés. Le Chantier, il y a débarqué à 5 ans, comme son père et son grand-père avant lui. C'est là que vers 14 ans, un animateur bénévole «l'initie», comme le formulera Roger Hauvette, président de l'association depuis 1988. Cet initiateur, aujourd'hui empri