Tribunal correctionnel, de Paris.
Fodé n'en démord pas. Ce n'est pas lui que les policiers ont vu vendre 0,75 gramme de crack à Alberto, à l'angle d'une petite rue du XVIIIe arrondissement. Par la voix du traducteur, il répète: «Je suis musulman, la loi de l'islam m'interdit de toucher à ce fléau.» Le juge parle d'autre chose: «Ecoutez, il ne parle pas français, il se réserve ici des jours sombres. Demandez-lui s'il ne serait pas mieux au Sénégal avec ses enfants?» Fodé répond: «Je tente de vivre en vendant des cartes postales.» Mais le président sourit: «Je note que cet après-midi-là, il n'en vendait pas.» Et Fodé finit par capituler: «Je veux rentrer dans mon pays.» La procureur a un discours politique: «Beaucoup de ces trafics de stupéfiants sont le fait de gens d'origine étrangère, dont beaucoup d'Africains. Une grande partie de la population du XVIIIe est d'origine africaine et se sent menacée par ces faits, car les gens finissent par ne plus faire la différence.» Elle réclame un an de prison, Fodé prend deux mois et une interdiction du territoire de trois ans. Dans le box, Driss se lève. Il jure: «J'étais au marché pour acheter des endives, je n'ai pas volé le porte-monnaie, je l'ai vu tomber par terre, je l'ai juste ramassé.» Le porte-monnaie contenait 71,50 francs, mais Driss n'a pas de papiers. Il a tenté d'être régularisé, ça n'a pas marché, il a été interdit du territoire. Il dit: «Les policiers ne disent pas la vérité: déjà, ils écrivent que je n'ai pas de métier