Cette fois, ils ont compris. Après les enseignants du secondaire, les professeurs d'université découvrent ce que le sociologue le plus anodin ânonne depuis des années: l'arrivée en masse dans le supérieur de «nouveaux publics» va radicalement changer la face de l'université. Après avoir remodelé celles du collège et du lycée. Cela fait maintenant trente ans que le naufrage de l'université, confrontée à une demande sociale alors inédite, est annoncé. Trente ans aussi que responsables politiques et experts butent sur la nature ontologiquement élitiste de l'enseignement supérieur, se référant ou non aux milliers de travaux qui ont suivi les pavés dans la mare de Bourdieu et Passeron à la fin des années 60 (1). Mais à écouter les enseignants qui ont encore le courage de se coltiner les étudiants de première année, les casquettes retournées et les interjections en verlan auront été plus déterminantes dans la prise de conscience des dérives de l'université que l'échec de centaines de milliers d'étudiants en premier cycle (60% des bacheliers ne décrochent pas le Deug). Car ces dérives touchent l'intouchable: l'autorité du mandarin empêché, désormais, de délivrer son savoir du haut de sa chaire. Une étude récente du Centre de recherche en éducation de l'université de Nantes (2) montre que l'obligation de «faire de la discipline» constitue la limite ultime pour tous les enseignants du supérieur. Lorsqu'elle est franchie, les bonnes volontés les plus farouches virent à l'aigre. Pire
Analyse
Le choc de deux mondes.
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publié le 30 mars 2000 à 23h12
(mis à jour le 30 mars 2000 à 23h12)
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