Un craquement sinistre, un grand cri de la foule, puis le champignon
de poussière a recouvert les habitants des Tarterêts, cité de Corbeil-Essonnes. Ils assistaient hier à la première grosse opération de démolition dans leur quartier: l'écroulement d'une tour par vérins hydrauliques. Des ouvriers avaient remplacé tous les murs porteurs du huitième étage par des étais. Puis les portes et fenêtres avaient été supprimées. Enfin, des traits à la scie avaient fragilisé la base de tous les murs. Hier, peu avant 14 heures, les pompiers ont commencé par arroser l'immeuble, afin de limiter la poussière. La scène était jolie. Comme toutes les portes et les fenêtres avaient été retirées, l'eau entrait d'un côté de la tour et jaillissait de l'autre, par de multiples brèches. Enfin, à 14 h, les vérins ont soulevé le huitième étage (la tour en comptait onze), puis l'ont laissé retomber de 2,5 mètres. Les trois niveaux supérieurs, orphelins de leur base, se sont alors effondrés sur les étages inférieurs. Ils pesaient 1 400 tonnes. «On appelle ça l'effet guillotine», commentait l'un des responsables de l'entreprise de démolition. L'immeuble s'est alors replié sur lui-même. Les 5 000 tonnes de gravas devraient être évacuées d'ici trois ou quatre mois.
Les quelques centaines d'habitants commentaient le spectacle et l'opportunité de cette opération, très contestée. Pas grand monde ne conteste la nécessité de «dédensifier» la cité. Mais personne ne comprend le choix de cet immeuble. La tour n° 5