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Libération

36 ans après la mort de Jean-Claude Saint-Aubin. La longue guerre d'une mère. Elle réclame la nomination d'un sage pour obtenir justice.

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publié le 6 avril 2000 à 0h16

«J'accuse l'Etat français de couvrir l'assassinat de mon fils.»

Trente-six ans après «l'accident» mortel de Jean-Claude Saint-Aubin, sa mère Andrée, 81 ans, réclame au Premier ministre la nomination d'un «sage au-dessus de tout soupçon» avec «de larges pouvoirs d'enquête» pour élucider enfin l'affaire.

Epaulée par la Ligue des droits de l'homme et le procureur adjoint d'Evry, Hubert Dujardin, l'ancienne bijoutière de Dijon a appelé hier la presse à la rescousse pour inciter l'Etat à reconnaître la bavure. Témoin. Le 5 juillet 1964, entre Puget-sur-Argens et Fréjus (Var), la Volvo de son fils de 23 ans et de sa passagère de 16 ans s'écrase contre un platane: deux morts. La gendarmerie bâcle l'enquête: vitesse excessive, accident de la circulation. Les parents doutent. En 1965, un témoin, Mohammed Moualkia ­ enregistré par un huissier ­ raconte qu'il a vu un camion de l'armée, stationné sur le bas-côté, couper la route de la Volvo, ainsi qu'une 203 noire frappée d'une marque bleu-blanc-rouge. Refus de la justice de rouvrir le dossier sur ces charges nouvelles. En 1984, le témoin capital meurt, asphyxié dans sa chambre, sans autopsie. Officiellement, c'est une cigarette qui a mis le feu à son lit. Or, Moualkia ne fumait pas. Les Saint-Aubin tentent de ranimer l'enquête: «Avec mon mari, on a connu la trahison et la lâcheté, on a parcouru des milliers de kilomètres pour apporter à la justice des preuves dont elle ne tenait pas compte.» La page du registre d'entrée et de sortie