Menu
Libération

Le Viagra remboursé au cas par cas. Le Comité national d'éthique plaide pour l'égalité d'accès au bien-être.

Article réservé aux abonnés
publié le 7 avril 2000 à 0h13

Quatre à six érections gratuites par mois maximum. Le Comité

consultatif national d'éthique (CCNE) a créé la surprise en plaidant hier pour un remboursement sélectif du Viagra, réservé aux patients devenus impuissants à la suite d'interventions chirurgicales ou de maladies. «Il faut que le remboursement soit limité à des pathologies avérées, et, clairement, l'âge n'en est pas une. Quatre à six, c'est notre quota de consommation mensuelle pour ces patients, il ne faut pas que le remboursement dérive vers un trafic illicite», a expliqué Jacques Montagut, médecin biologiste de la reproduction, auteur de ce rapport sur le «cas du Viagra» et sur la «médicalisation de la sexualité», rendu public hier. L'avis des sages avait été sollicité en juin 1998 par Bernard Kouchner, alors secrétaire d'Etat à la Santé. A l'époque, l'Etat, craignant une consommation exponentielle de la petite pilule bleue en forme de losange lors de sa mise sur le marché en octobre 1998, avait fermé la porte à toute prise en charge du Viagra, vendu autour de 75 F l'unité en pharmacie.

Opérés et accidentés. Selon le laboratoire Pfizer, qui commercialise le Viagra, environ 300 000 Français de 18 à 88 ans en auraient déjà pris au moins une fois. Le remboursement sélectif envisagé par le CCNE ne concernerait que quelques dizaines de milliers d'entre eux. Il s'agit principalement d'hommes devenus impuissants après des opérations chirurgicales de la vessie ou de la prostate, de jeunes ayant subi des lésions de la moel