Discuter les ordres de son mari, Simone von Matt n'y pensait même
pas: «Simone, il est l'heure d'aller panser les chevaux.» Jean-Marie von Matt s'adressait quelques secondes plus tard à Patrice Moulinier: «Vous n'avez pas envie d'aller visiter l'écurie, cher ami?» Moulinier, président du club de lévriers local, n'ergotait pas plus. En général, il valait mieux ne pas contester les ordres du châtelain. Et puis cette «visite» en compagnie de Simone, dont chacun savait ce qu'elle recouvrait, n'avait rien d'une corvée pour Moulinier, homme aux innombrables conquêtes féminines. Quant à Simone von Matt, la peur que lui inspirait son mari, une peur mêlée d'amour, était largement suffisante. Elle obéissait. Tel était le bon plaisir du maître de Campagnac, élégant manoir périgourdin à 8 km de Belvès; il avait décidé que sa femme Simone et Moulinier seraient amants. Cela avait commencé peu après que les deux hommes s'étaient rencontrés pour une affaire de chiens de race. Von Matt en faisait l'élevage, ainsi que de chevaux. Photographe amateur, le gentleman-farmer avait montré quelques-uns de ses clichés. Sa femme y apparaissait nue. Ainsi se serait scellé le «pacte sacré» entre les trois protagonistes.
Seul survivant. Cette histoire, c'est Patrice Moulinier qui l'a racontée aux gendarmes, quand ceux-ci l'ont entendu durant trente-cinq heures. L'audition faisait suite à la découverte, le 14 février à Flavin, près de Rodez (Aveyron), des meurtres de Manuela Moulinier, 36 ans, troisième et