Tribunal correctionnel de Lyon.
Le président frappe sur son bureau. «Tournez la tête vers le tribunal, ça se passe par ici.» Sabri est un très jeune garçon 18 ans qui lance vers la salle des regards désespérés. Il est entré dans une maison la nuit pour voler. Le juge lui explique. «En l'absence de votre victime, le tribunal ne peut vous juger et va simplement décider s'il faut vous laisser en liberté ou vous mettre en prison en attendant.» «Oui monsieur», répond Sabri. «Non monsieur», il n'a jamais été condamné. «Oui monsieur», il fait des études. «Oui monsieur, ma maman est là.» Et il sanglote. «Le voilà qui fond en larmes, comme tout à l'heure, raconte l'avocat, le vol n'est pas son genre. Je pense qu'après le choc de 48 heures de garde à vue, vous ne le verrez plus devant un tribunal.»
Sabri est libéré; il sera jugé dans trois semaines. Le suivant, c'est Eric. A Vaulx-en-Velin, il a mis le feu à trois voitures et traité les policiers de «fils de pute». Une seule victime est là, Ahmed, qui crie: «Le feu a enfumé la maison, ma femme a eu une crise d'asthme et a dû être hospitalisée à cause de ce monsieur!» Le président remarque: «Je vois treize condamnations à votre casier judiciaire, mais avons-nous d'autres renseignements?» Un policier lève le doigt: «Non, et il n'y a pas d'enquête sociale non plus pour les trois prévenus qui suivent.» Sans ces enquêtes, on ne sait rien de ceux qui défilent en comparution immédiate et le juge lève les yeux au ciel. Eric dit: «J'étais so