Quintin, envoyé spécial.
Nukleel, nann trugarez (Nucléaire, non merci, en breton): vingt ans après Plogoff, plus de dix ans après le démantèlement de la centrale de Brennilis, dans les monts d'Arrée, les vieux slogans des autocollants sont ressortis des greniers. Samedi à Quintin (Côtes-d'Armor) près de 10 000 personnes ont protesté contre l'enfouissement, ici ou ailleurs, des déchets nucléaires. Dans cette petite bourgade de 2 900 habitants, ils voulaient clamer haut et fort leur refus d'un laboratoire d'études sur le stockage de ces déchets. La ville est solidement bâtie sur un massif granitique qui compte parmi les quatorze sites d'expérimentation possibles repérés par l'Andra (Agence nationale de gestion des déchets radioactifs).
Têtes de mort. Paysans, retraités, lycéens, mères de famille, ingénieurs, commerçants, syndicalistes, militants" tous étaient unis dans un même rejet. «Dans l'usine où je travaille, du patron à l'ouvrier, on est tous contre l'enfouissement, dit Chantal, 34 ans, venue d'un petit village de la Mayenne. S'ils creusent un trou de 600 mètres pour installer leur labo, ils ne vont pas le reboucher pour aller voir ailleurs. Et que se passera-t-il avec des déchets dans le granit? Il peut y avoir des fissures, les nappes phréatiques peuvent être contaminées. Tant qu'on ne maîtrise pas ces produits, on ne doit pas jouer avec la santé des générations futures.» Dans la farandole de banderoles hérissant une foule joyeuse et bigarrée, parmi les habituels têtes d