Bernard Dugué, 41 ans, «niveau bac + 21», vit du RMI, aux portes
d'une Université qui ne veut pas de lui. Ce spécialiste de la théorie des systèmes, et plus spécialement de la complexité, ne parvient pas à trouver d'affectation, malgré ses multiples diplômes. Il se présente comme un «boulimique intellectuel». Et accuse avec amertume «les universitaires, qui ont préféré détruire plutôt que de laisser un chercheur exprimer ses intuitions et développer ses idées jusqu'à leur terme».
Son tort: avoir prématurément débordé du moule traditionnel. Son parcours: après un bac C, math sup. et math spé., il fait l'Ecole nationale supérieure des mines de Saint-Etienne, passe un DEA de biotechnologie, option pharmacologie, décroche une bourse du CNRS au laboratoire de pharmacologie et toxicologie fondamentale de Toulouse III, puis obtient un poste de maître de conférences en physiologie au sein de l'unité des sciences pharmaceutiques de Bordeaux II. Mais trois ans plus tard, il n'est pas titularisé. Un «pur licenciement», estime-t-il. La Commission de spécialistes qui examine son dossier se dit pourtant «favorable à sa titularisation en tant que maître de conférences de l'enseignement supérieur». Mais affirme qu'il lui faut «un autre laboratoire d'accueil», plus adapté à ses recherches fondamentales. «M. Dugué a développé de son propre choix un programme de recherche portant sur la biologie théorique, axe ne relevant pas des spécificités du laboratoire (dont il dépend) ni d'ailleurs de tou