A Laval-Atger, village de Lozère, à une cinquantaine de kilomètres
au nord-est de Mende, et plus encore dans les hameaux de cette «montagne» en bordure des gorges de l'Allier, ce n'est pas si souvent qu'on s'amuse. Alors, samedi soir dernier, pour l'inauguration du tout nouveau café le Barjac, dont le patron est président du comité des fêtes du canton, il y avait foule: une soixantaine de personnes. Des jeunes, surtout. Mais aussi des familles. «Ma femme et mes deux gamines y étaient», raconte le boulanger de Grandrieu, le bourg à huit kilomètres de Laval-Atger. «C'était sympa et gentil, jamais on n'aurait pu croire qu'un drame pareil arriverait.» Parmi les moins jeunes, Lucien F., 35 ans. Lucien, exploitant agricole, vit encore avec ses parents, là-haut, au mas de Trémolet, une ferme isolée à près de 1 300 mètres d'altitude. Il n'a jamais trouvé à se marier. Pas de fiancée ou de petite amie non plus pour partager la solitude de l'éleveur. «Des gens un peu fermés», dit-on dans le pays. Le père boit et cogne facile. Lucien, qui en a fait les frais plus qu'à son tour dans son enfance, est de la même trempe. «Un gars à boire jusqu'à saturation et rentrer se coucher dans l'étable», affirme un gendarme. «Un abruti de chez abruti, du genre qu'il vaut mieux pas qu'il boive», explique un commerçant de Grandrieu, qui estime aussi que, si le père n'avait pas été si brutal, «peut-être qu'il se serait moins conduit comme une bête». Samedi, Lucien avait une bonne douzaine de Pastis dan