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Libération
Interview

Pierre Merle, sociologue, a étudié la population scolaire de Bretagne. «Imposer le mélange social».

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publié le 22 avril 2000 à 23h53

Pierre Merle s'explique sur la portée de l'étude qu'il publie dans

Population sur la «Démocratisation de l'enseignement».

Vos recherches permettent-elles d'avancer dans le débat sur la démocratisation de l'école?

L'examen détaillé du recrutement social des différentes filières de l'enseignement secondaire montre que l'homogénéisation sociale des classes progresse. On tient désormais la preuve de la prolétarisation des séries technologiques et de l'embourgeoisement des filières scientifiques. Il est donc incontestable que le modèle de développement du système éducatif français est celui de la démocratisation ségrégative.

Ce constat reste contesté. Certains professeurs soutiennent par exemple que le public des classes préparatoires est, socialement, de plus en plus hétérogène" Ces enseignants sont peut-être de bonne foi mais ils se fondent sur des données partielles. Il y a souvent des erreurs de méthode: il faut comparer le public des classes préparatoires aux grandes écoles à celui des universités. Et là, on voit bien que les écarts se creusent.

Faut-il en conclure qu'avec la meilleure volonté du monde, l'Education nationale ferait fausse route depuis des décennies: en croyant démocratiser, elle ne ferait que renforcer les inégalités?

Ce serait excessif. Un bac professionnel vaut mieux qu'un BEP. On peut dire que la création de ce diplôme en 1985 a été un progrès dans la mesure où elle a rapproché, au moins formellement, les filières générales et professionnelles. Cela dit, contra