Lille, envoyé spécial.
Le vendredi 6 novembre 1998, vers 18 h 30, Sydney Manoka N'Zeza est interpellé par les policiers. C'est un sportif de bon niveau, il a 27 ans, il ne boit pas, ne fume pas, ne se drogue pas. Il est menotté. Une demi-heure plus tard, il arrive au commissariat de Tourcoing. Probablement déjà mort, en tout cas agonisant. Asphyxié.
Hier, cinq policiers du commissariat de Tourcoing comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Lille. Tous pour «non-assistance à personne en danger». Deux sont aussi prévenus d'«homicide involontaire». Dès l'ouverture des débats, Francis Terquem, avocat de la famille et de SOS-Racisme, réclame la requalification des motifs de mise en examen. «Quel est celui de ces policiers qui n'a pas agi volontairement? Il ne s'agit pas d'un chirurgien maladroit ou d'un automobiliste distrait.» L'avocat demande que les prévenus comparaissent devant une cour d'assises pour «coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner». Mais les deux autres avocats des parties civiles, Florent Schultz pour la veuve de Manoka et Pascal Cobert pour la Ligue des droits de l'homme, se dissocient de sa démarche. Au nom des faits.
Policier retraité. Les faits donc. Ce vendredi soir, Sydney Manoka circule en rollers. Derrière, le conducteur d'une Audi s'énerve. Coups de Klaxon, appels de phares. Sydney se retourne et s'approche du conducteur. Le ton monte, le jeune homme tape sur le rétroviseur dont le miroir tombe au sol.