Ajaccio, envoyé spécial.
C'est l'ex-préfet Bonnet qui est sorti le premier de la «maison des Schtroumpfs». C'est ainsi qu'on désigne la caserne de gendarmerie d'Aspretto, à la sortie d'Ajaccio. Parce qu'elle est bleue. Aussi bleue que la chemise de l'ex-préfet de Corse est blanche. Bernard Bonnet a toujours son petit sourire agrafé aux lèvres, et son regard fixe. Mais quand se tendent les micros, hier, après cinq heures de confrontation générale, soudain, l'homme est muet. Son nouvel avocat, Philippe Gumery, prend la parole, et la garde. Pour dire: «Cette confrontation a été un flop. Il n'y a pas eu de duel, faute de combattants. Après cinq minutes de provocations de la part de Gérard Pardini [l'ex-directeur de cabinet de Bonnet] et de l'autorité judiciaire, nous avons conseillé à monsieur Bonnet de se taire.» Ce qu'il a fait, à la lettre. Au point de ne pas signer le procès-verbal que lui tendait le juge Cambérou en fin d'audition. Les choses avaient mal démarré entre le juge et l'ex-préfet. Premier incident: l'évocation d'une réunion qui aurait eu lieu entre Bonnet et Pardini, en février 1999, un mois avant l'incendie de la paillote Aria Marina, et deux mois avant celle de Chez Francis. Selon différents témoins de la confrontation d'hier, Bernard Bonnet dément. Sauf que. Dans le dossier d'instruction figure l'une de ses interviews, accordée à l'Express, où l'intéressé évoque le fameux rendez-vous. Empêtré. Ni une ni deux, Pardini et le juge Cambérou sortent le document.