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Libération

A Nice, le juge raciste persiste. Devant le tribunal, il a expliqué que «bougnoul» n'est pas péjoratif.

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publié le 29 avril 2000 à 23h42

C'est un léger différend sémantique. Pour Henri, Achille, François

Bouquet de Jolinière, «bougnoul» n'a aucune connotation péjorative. Le bougnou est le nom du puits de la mine, le bougnoul est celui qui en sort, il suffit de le savoir. Les autres magistrats l'ignoraient visiblement. Et lorsque, candidat à la présidence du tribunal de commerce de Nice, il a déclaré, le 26 octobre 1999 en pleine assemblée générale, que la chambre du conseil «avait pour principale activité de juger des bougnouls n'ayant qu'une dizaine de salariés pour toucher les Assedic», l'affaire n'est pas passée totalement inaperçue. Un collègue, dont la femme est algérienne, a exigé des excuses publiques, le candidat-président s'y est refusé, trois magistrats ont écrit au procureur de la République. Le président Bouquet a été jugé jeudi à Nice et n'a pas été accueilli avec des fleurs.

Choix. Il aurait pu éviter le procès. Il avait été convoqué en décembre par le procureur de Nice, l'illustre Eric de Montgolfier, qui lui a donné le choix entre des excuses publiques avec sa démission ou des poursuites. Le président a fait des excuses mais a préféré les poursuites, qui risquent de provoquer sa démission. Et s'est un peu enferré dans sa défense. Le 9 décembre, il a écrit au parquet une lettre qui commençait bien, où il faisait part de sa «honte profonde» après «cet écart de langage» et convenait que «nul ne peut se permettre d'avoir un tel langage, qui plus est un magistrat». L'ambiance n'était d'ailleurs pas