Beauvais (Oise), envoyé spécial.
Daniel hésite, puis pose sa main au-dessus du siège du conducteur, sans le toucher, comme s'il était brûlant. «Il est mort, le mec qui était assis là?» Sa femme ne sait pas. Ils se sont arrêtés devant la Renault 21 bleue exposée dans la galerie marchande de l'Intermarché de Beauvais. C'est le hayon arrière qui permet d'identifier l'auto, car, à l'avant, impossible de distinguer un logo ou même une calandre. La tôle est en accordéon, comme le toit de l'habitacle. La planche de bord et le volant pendouillent au-dessus des sièges. L'auto appartenait à un homme de 41 ans. Au mois de novembre, il roulait trop vite, sur une route détrempée du coin. En dépassant une autre voiture, il a dérapé et s'est retrouvé face à un camion. Un choc terrible, de plein fouet. La Renault a terminé sa course contre un arbre, cent mètres plus loin. «On ne sait pas s'il est mort dans le premier ou le second choc», explique froidement ce bénévole de la Prévention routière, chargé d'éclairer les spectateurs. Il s'est approché de Daniel, qui ne pose plus de questions.
La famille de la victime n'a pas hésité lorsque la préfecture de l'Oise l'a contactée. Daniel Moineaux, chargé de la sécurité routière pour le département, voulait frapper les esprits. «On a plus de 150 tués depuis le début de l'année. Pour que ça s'arrête, il faut montrer ce que c'est qu'un accident, vraiment. Il faut que les gens puissent toucher les conséquences, la tôle froissée, s'imaginer à la place du