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Libération

Les Leneuf appellent 9 Télécom à la barre. Harcelés au téléphone, ils exigent le retrait d'une publicité.

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publié le 3 mai 2000 à 0h38

Au bout du fil, les anonymes disent: «Tête de neuf», «Tu prends

combien?» ou encore «T'es sorti des chiottes?» De nuit comme de jour, et jusqu'à «trente par semaine», ces appels s'adressent à l'un des soixante-dix messieurs ou mesdames Leneuf inscrits dans l'annuaire, devenus les héros involontaires d'une série publicitaire lancée en juin 1999 par un nouvel opérateur de téléphonie fixe, 9 Télécom. Une trentaine de spots télé, diffusés aux heures de grande écoute, mettent en scène le couple récurrent de monsieur et madame Leneuf, lui bienveillant et bêta, elle mesquine et falote, constamment dérangés dans les petits riens de leur vie quotidienne (sur le trône, jouant au Scrabble, regardant un match de foot") par la sonnerie du téléphone. «Allô le 9?» «Oui, c'est monsieur Leneuf», répond le brave bougre, qui généralement se casse la figure en courant vers le combiné. A la fin du spot, une voix dit: «Eh oui, tout le monde appelle le 9.» «Décrocher le téléphone». Pour contrer cette campagne de pub «attentatoire à leur image», 47 de ces 70 Leneuf (du prof de fac à l'ouvrier, du retraité à l'enseignante) ont saisi le tribunal des référés de Nanterre (Hauts-de-Seine), qui examinait l'affaire hier. Le but: faire stopper la diffusion des spots.

Devant la salle d'audience, une poignée de Leneuf raconte ses déboires. Ainsi Leneuf Noël, un monsieur fringant qui admet «avoir rigolé au début», mais plus trop après. «On doit décrocher le téléphone vers 20 heures, et le rebrancher le matin.