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Libération

Carnets de justice. «C'est un chewing-gum que vous avez dans la bouche?»

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publié le 8 mai 2000 à 0h32

Tribunal correctionnel de Compiègne.

Solennel, le président siège devant un immense rideau de velours rouge. La salle est pleine de prévenus de tous âges, de tous métiers. Tous ont conduit plus ou moins ivres. «Je suppose, dit le juge à Frédéric, un jeune pompier, que vous vous êtes assoupi au volant, car vous n'avez pas tenté une seule manoeuvre pour éviter le véhicule stationné en pleine ligne droite.» De cela, Frédéric n'a aucun souvenir, tout juste se rappelle-t-il avoir bu pas mal de whisky au Corail, une discothèque. Le procureur lui fait un petit discours «qui doit aussi servir à tous ceux qui sont là». Il explique: «Il n'est absolument pas interdit de boire, cela ne pose aucun problème ni à moi, ni au tribunal. Mais après"» Il raconte ce qu'il entend ici. Les excuses qu'on lui sert, «même être appelé en urgence auprès d'un enfant malade, d'une vieille mère mourante, n'est absolument pas une justification pour prendre sa voiture. On est dangereux dès qu'on dépasse le taux zéro d'alcool, la vue se trouble, on a une mauvaise appréciation des distances». Il menace. «Pour ceux qui reviennent ici pour la deuxième fois, on ne discute même plus, les permis de conduire sont attrapés, déchirés, mis à la poubelle.» Il tapote son code pénal, le président acquiesce. Le moment est grave. Mais une sonnerie les trouble. Au fond de la pièce, un homme tente frénétiquement d'éteindre son portable. «Vous confisquez immédiatement cet appareil», ordonne le juge au policier. «Il sera év