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Libération

Une balle dans le ventre et pas d'asile. Après la peur en Algérie, Baziz A. affronte la rigidité administrative.

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publié le 9 mai 2000 à 0h31

L'asile territorial a été inventé pour des types comme lui. Baziz

A., un militant kabyle de 23 ans, s'est pris une balle dans le ventre en Algérie et un de ses amis s'est fait tuer sous ses yeux. Réfugié en France, on l'expulse: il n'a pas prouvé «être exposé à des peines ou des traitements contraires à la Convention européenne des droits de l'homme», écrit sans rire la préfecture de Seine-et-Marne. De fait, il y a cinq ans qu'on ne lui a pas tiré dessus.

Baziz a poussé dans le quartier Belcourt d'Alger où les islamistes sont puissants et les Kabyles assez peu en odeur de sainteté. Or, Baziz a un oncle, rédacteur en chef du journal Liberté, proche du RCD, le Rassemblement pour la culture et la démocratie. L'oncle accumule les menaces et vit sous escorte jour et nuit. Journaliste et kabyle. En 1994, le jeune homme adhère au RCD et entre comme stagiaire maquettiste au quotidien El Watan. «On m'a menacé, on a essayé de m'intimider, raconte Baziz, on a envoyé des gars me dire que c'était contre la religion. Des amis m'ont dit de faire attention.» Kabyle et journaliste, il cumule les handicaps. On l'envoie régulièrement séjourner dans un hôtel de Sidi Feruch, près d'Alger, quand la pression des Groupes islamistes armés (GIA) se fait trop insistante. Des individus louches passent de temps en temps voir sa mère pour avoir de ses nouvelles.

Mais on n'est pas sérieux quand on a 18 ans et, le 5 avril 1995, Baziz accompagne sa belle-soeur, qui redoute de traverser Alger toute seule, pou