Samedi 13 mai, je lis dans Libération que l'essayiste Alain
Finkielkraut affirme dans son dernier livre que «l'ultime conséquence» des théories des pédagogues contemporains serait «les usines de la mort» nazies. J'apprends, par la même occasion, que, choqués par ces propos, neuf universitaires (dont un professeur au Collège de France) ont publié une lettre-pétition intitulée «Nous sommes tous des pédagogues». Or, Alain Finkielkraut, c'est moi. Je viens en effet d'écrire un livre: Une voix vient de l'autre rive. Les propos qui me sont imputés n'y figurent pas. Ces citations sont fausses. Et, nulle part, je ne laisse entendre que les pédagogues auraient fait ou feraient encore le lit de l'extermination. Cette interprétation est proprement démente. Loin de tisser un lien entre nazisme et pédagogisme, je mets en exergue le rôle et les effets de l'antinazisme dans cette idéologie: à la fin d'un siècle marqué par le crime industriel, je souligne l'inconséquence d'une mémoire qui destitue la culture et qui conforte le règne de la raison instrumentale. Dénoncé publiquement par des intellectuels de renom pour des choses que je n'ai pas dites et des raisonnements que je n'ai pas tenus, je me réserve de donner à cette affaire les suites qui s'imposent.
Alain Finkielkraut.
Ce texte repose en partie sur un malentendu. En raison d'une erreur dans notre article, le lecteur a pu attribuer à Alain Finkielkraut des propos tenus par ses adversaires. Dans leur pétition, ces derniers soutiennent