Un titre et un sous-titre hâtifs, dans Libération du 12 mai, nous
ont valu de vigoureuses protestations d'ex-collaborateurs de François Mitterrand. Le titre: «Frégates de Taïwan: la note qui accuse Mitterrand». Le sous-titre: «L'Elysée aurait avalisé les commissions occultes.» L'article qui suivait était fondé pour l'essentiel sur une note du 10 septembre 1990 rédigée par Loïc Hennekine, alors conseiller diplomatique à l'Elysée, et destinée au président de la République. Son existence avait été révélée par le Figaro du 11 mai.
Cette note, que nous nous sommes procurée dans son intégralité, ne permet pas de soupçonner François Mitterrand d'avoir avalisé le versement occulte de commissions en marge du contrat de livraison des frégates. Ce sujet n'y est pas abordé. Le déblocage concernant cette vente n'interviendra, du côté français, que bien plus tard, en juin 1991, au cours d'une réunion interministérielle. Le texte de Loïk Hennekine confirme en revanche qu'on a commencé à s'irriter au moins depuis juillet de l'opposition du ministère des Affaires étrangères à un développement des relations commerciales avec Taiwan.
Loïk Hennekine recommande dans sa note de «s'assurer de l'intention de Taiwan de nous passer des commandes civiles importantes (centrales nucléaires, trains rapides, Airbus). En cas de réponse positive, conclut-il, [il faut] rechercher une solution à l'exportation par Thomson, pour un montant de 20 milliards de francs, d'éléments de coques qui seraient montées en fré