Dans les couloirs du tribunal de Nanterre, tout le monde sourit. Le
juge des référés vient de rendre publique sa décision dans l'affaire opposant quarante-huit personnes répondant au nom de Leneuf à l'opérateur téléphonique 9 Télécom et à son agence de publicité, Ogilvy and Mather. Les deux parties sont également satisfaites, car le tribunal a donné raison à tout le monde. Thierry Leneuf, l'un des plaignants, affiche un contentement plus qu'évident. La justice reconnaît que l'opérateur 9 Télécom et son agence de publicité «ont manifestement excédé les limites de la liberté d'expression» en mettant en scène, depuis juin 1999, le désormais fameux monsieur Leneuf, cet homme un peu simple, constamment dérangé dans sa vie quotidienne par une sonnerie de téléphone. Brimades. Une campagne de publicité vécue comme un calvaire par de nombreux Leneuf, harcelés nuit et jour par des plaisantins, leurs enfants victimes de brimades dans les cours de récréation, ou pire, systématiquement pris eux-mêmes pour des plaisantins une fois déclinée leur identité. Alors, même si les 48 victimes ne recevront chacune que 5 000 F de dommages et intérêts alors que leur avocat en avait réclamé 50 000, Thierry Leneuf savoure sa part de victoire. «Nous n'avons jamais voulu faire de cette affaire une histoire d'argent. L'essentiel, c'est qu'ils ne pourront plus faire n'importe quoi dans leurs futurs spots.» Car la saga télévisuelle du brave monsieur Leneuf est loin d'être terminée. La décision du juge d