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Libération

Carnets de justice. Un petit joint peut faire du mal au portefeuille.

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publié le 22 mai 2000 à 0h56

Tribunal correctionnel de Versailles.

Le président est un homme glacial. Il fixe sévèrement Miguel, 19 ans: «Vous êtes poursuivi pour usage et cession de 24 grammes de cannabis.» C'était dans le train, et «les fonctionnaires de police découvrent sur vous la substance illicite, le shit, comme on dit maintenant». Miguel relève la tête: «Je dis qu'un petit joint à l'occasion, ça ne fait de mal à personne. Moi, je ne peux pas boire d'alcool.» Ça déplaît: «C'est votre idée, répond le juge, car le tribunal sait les ravages"» Et Miguel rétorque: «J'ai encore ravagé personne!» Le mois dernier, il a été condamné, pour le même motif, à un mois de prison avec sursis et 2000 francs d'amende. «Comme quoi un petit joint peut faire mal!» persifle le magistrat. «Au portefeuille, c'est tout!» fanfaronne le jeune homme. Dans la salle, des rires éclatent: «Eh, t'es dans le collimateur!» «Des commentaires?» crie le juge. La procureur se lève: «Il prétend ne pas être dépendant, sauf qu'il a déjà été condamné! Et je ne pense pas que les voyageurs dans le train soient satisfaits de bénéficier de vapeurs de cannabis.» Elle réclame une amende, «puisqu'il pense que le cannabis fait mal au portefeuille»: 1000 francs.

Le suivant, c'est Jérôme, un garçon chic, entouré de ses parents. Il est poursuivi pour «avoir détenu un gramme de cannabis», lit le juge. On croit avoir mal entendu. Il s'agit bien d'un gramme, mais Jérôme a déjà été condamné pour avoir fumé. A la barre, il récite sa leçon: «J'ai vu un ps