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Libération

Les Abeilles tirent le signal d'alarme. Inquiets du nouveau contrat préparé par la Marine, les remorqueurs-sauveteurs sont en grève.

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publié le 27 mai 2000 à 0h47

Brest, correspondance.

Plusieurs centaines de vies sauvées, plus de 2 millions de tonnes de polluants qui n'ont pas souillé les côtes: les hommes de l'Abeille-Flandre à Brest et de l'Abeille-Languedoc à Cherbourg sont des héros, même s'ils s'en défendent. Ces civils, salariés d'une entreprise privée, remplissent une mission de service public et seront samedi en grève. Parce que leur société est menacée de perdre ses deux contrats avec la Marine nationale et la DGA (Délégation générale pour l'armement).

Le premier contrat, c'est celui des Abeilles Flandre et Languedoc. Depuis 1979, suite à la marée noire de l'Amoco Cadiz, ces deux remorqueurs de haute mer ultrapuissants surveillent la façade atlantique sous l'autorité des préfets maritimes. Simples escortes ou sauvetages dangereux, ils quittent le port quand les autres navires viennent s'y abriter. Leur mission coûte 40 millions de francs par an à la Marine. Le contrat est renouvelé tous les trois ans, mais, cette année, l'appel d'offres a été modifié et n'exige plus du capitaine et du second qu'ils soient français mais seulement qu'ils «parlent français». Est-ce le signe que des concurrents battant pavillon de complaisance pourraient remplacer les Abeilles? Jean-Paul Hellequin, cuisinier de l'Abeille-Flandre, délégué CGT, le soupçonne: «Ce qui nous arrive, c'est une dérive vers la complaisance, ni plus ni moins.» Surnommé le «cuisinier-directeur général», Hellequin est un interlocuteur incontournable, davantage présent, souven