Grenoble, envoyée spéciale.
Vingt et un jours. Du prologue à l'épilogue annoncé, c'est le temps perdu à ruminer, le temps du passage à l'acte. A Bachelin, un hameau du nord de l'Isère, sur la commune de Passins, dans ce coin surnommé «les Terres froides», Serge Stein, 36 ans, a étranglé son voisin Roger Pacalet, 78 ans, un après-midi d'octobre 1998. Exactement trois semaines après la plainte déposée par son épouse contre «Papy» Pacalet, accusé d'attouchements sexuels sur deux de leurs enfants. Un voile de barbe autour d'une bouche tombante, des yeux tristes, Serge Stein répondait vendredi, devant la cour d'assises de l'Isère, de cet assassinat passible de la réclusion criminelle à perpétuité. Dans la salle d'audience, les gens de son hameau sont là, ils aident Serge Stein comme ils l'ont aidé, il y a deux ans: sans rien pouvoir faire.
«Père à tous». C'est un électricien, un gars féru «d'honnêteté et de gentillesse», «à la vie normale» comme il dit, qui s'installe à Bachelin en 1995, avec sa femme et ses fils. Le couple lie vite connaissance avec ce vieux voisin, Roger Pacalet. Un homme aimé de tous, «serviable» et dépressif: sa fiancée est morte naguère, il n'a jamais eu d'enfants. Alors «c'était un peu notre père à tous», dit un témoin. Roger habite de l'autre côté de la rue, il partage souvent les repas des Stein, s'occupe de leurs fils. «On lui a donné nos enfants pour qu'il se sorte de l'alcool», dit même Christine Stein. Toute sa vie, Papy, comme le surnomment avec affec