Tribunal correctionnel de Paris.
Il est 21 h 50, tout le monde bâille. Les paupières du président sont rougies. Bientôt neuf heures qu'il juge. A la barre, Xavier est partie civile et, d'une voix lasse, le juge répète après lui: «Il réclame 5 000 F pour son préjudice moral et nous annonce son intention de les verser à une association.» Dans le box, Ali et Mohamed écoutent Xavier raconter la soirée qu'ils ont passée ensemble. Ils se sont rencontrés la nuit: «Ils m'ont proposé d'aller en boîte ensemble, pourquoi pas? On a pris un verre dans un bar et on est parti, soi-disant chez une amie à eux. Devant l'immeuble, ils m'ont plaqué contre le mur et m'ont crié "on est toxicos, ton argent!»L'un reste près de lui, l'autre va au distributeur. «Ils me donnaient des petites claques, en fait, ils me terrorisaient.» Mohamed se lève: «On a bu ensemble, Xavier a tiré de l'argent, j'ai noté son code mentalement. Ensuite je lui ai volé sa carte bancaire, ses lunettes et son portable, sans qu'il s'en aperçoive. Il s'en est rendu compte à la Bastille et m'a demandé de tout lui rendre, je l'ai fait. Sans violences, sans rien!» Ali ajoute «j'étais là j'ai rien fait». Le président soupire longuement. «Bon! Qui a utilisé la carte bancaire à 4 h57?» C'est Mohamed: «J'ai pris 400 F et ensuite 200.» Ali assure: «Je suis prêt à payer 15 000 F à Xavier!» Et le juge se moque: «Il n'a rien fait mais il est prêt à payer trois fois les dommages et intérêts.» La procureur, elle aussi, a l'air épuisée: «Ils