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Libération

L'étau se referme sur l'huître stérile. Génétiquement modifiée, elle pourrait être soumise à un étiquetage, ou interdite.

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publié le 29 mai 2000 à 0h46

L'huître triploïde, cette chimère génétiquement modifiée dotée de

trois paires de chromosomes au lieu de deux, va-t-elle disparaître des plateaux de fruits de mer? Son sort pourrait être scellé le 9 juin lors d'une réunion ­ organisée par la Direction des pêches maritimes et de l'aquaculture du ministère de l'Agriculture ­ qui promet d'être houleuse. A l'issue des débats, la triploïde sera soumise à une obligation d'étiquetage ou interdite.

Laitance. En 1997, le laboratoire de l'Ifremer (Institut français de recherches pour l'exploitation de la mer) de La Tremblade en Charente-Maritime obtient des huîtres creuses tétraploïdes, comportant quatre paires de chromosomes. Pour arriver à ce résultat, les scientifiques ne leur ont pas ajouté des gènes appartenant à une autre espèce, comme dans le cas des organismes génétiquement modifiés, mais ont réussi à conserver des chromosomes qui existent dans l'animal mais sont normalement expulsés lors de la fécondation. Croisées à des individus diploïdes du milieu naturel (dotés de deux génomes de base), ces tétraploïdes donnent des triploïdes. Avantage: ces huîtres sont stériles, elles ne produisent donc pas de laitance, cette matière blanchâtre qui freine leur consommation les mois autres qu'en R (de mai à août). Et comme elles ne s'épuisent pas à se reproduire, elles grossissent plus vite.

D'après André Gérard, chef du laboratoire de génétique et pathologie de l'Ifremer et directeur de la station de La Tremblade, les éleveurs gagneraient