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Libération

Après Debussy, c'est Renoir qu'on démolit.

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Le bâtiment explose aujourd'hui, quinze ans après la première destruction.
publié le 8 juin 2000 à 2h01

La banderole est gigantesque sur la barre de la Courneuve. Elle dit «Renoir s'invente un autre avenir». L'avenir? 45 000 tonnes à terre (185 mètres de long, 43 de haut, 362 appartements) aujourd'hui, quelques secondes après 13 heures. Avec la démolition, les mots changent. Les étages sont redevenus des «niveaux». Les murs, des «voiles» à «affaiblir». La barre, un immeuble qu'on «tire». Sur les rebords des fenêtres disparues, il n'y a guère que des pigeons. L'attachée de presse de la mairie demande à Denis Guetat, directeur commercial de la Compagnie française de démolition, de lui réserver quelques-uns des petits carreaux bleus qui ornaient la façade. «Vous en aurez plein le jour du tir. ça va être inondé», répond-il.

Mardi, dernière visite avant démolition. En 1986, Guetat était aux manettes pour une autre barre de la Courneuve, Debussy, premier grand bâtiment français à être détruit. A Renoir, l'opération sera plus difficile à cause de la proximité des autres immeubles. Mais le sol tremblera moins car l'ensemble descendra plus doucement grâce à des milliers de charges explosives qui ne sauteront pas au même moment. Des capteurs sismiques sont installés qui vont permettre d'enregistrer les vibrations. «C'est pour les mauvais coucheurs qui vont se réveiller après l'explosion et dire que je suis responsable des fissures», explique le directeur. Pour accéder aux étages, il ne reste qu'un escalier d'échafaudage. Troisième niveau. Une phrase au marqueur: «Où sont les cris des enf