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Libération

La Courneuve divise ses 4000 par deux.

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Le sort de la cité a longtemps oscillé entre réparation et démolition. Aujourd'hui, une barre de plus s'écroule.
publié le 8 juin 2000 à 2h01

La Courneuve se débarrasse peu à peu de la cité des 4000. «Est-ce que quatre mille logements, ce n'était pas trop pour une seule ville?» demande Lucette Delahaye, chef de projet à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) de 1984 à 1990. Debussy en 1986, Renoir aujourd'hui, Presov et Ravel vers 2002. Plus de la moitié des 4000 logements seront rasés. Avec ces opérations, la ville tente de faire coup double: redresser une image déplorable, recréer des quartiers plus accueillants et un urbanisme moins concentré. «Comme les Minguettes à Vénissieux, les 4000 servent de support à la mise en scène de la peur des banlieues», peut-on lire dans un ouvrage qui leur a été consacré (1).

Douche et belle vue. En 1957, l'office public HLM de la Ville de Paris acquiert 37 hectares sur d'anciens terrains maraîchers. On bâtit à la va-vite, avec des procédés de construction industrialisés. De 25 000 habitants en 1962, la ville de La Courneuve passe à 43 000 en 1968. Au début, les habitants sont heureux de trouver des appartements avec douche et belle vue. Mais ce que les anciens appellent «l'âge d'or» ne dure pas longtemps. Les recettes de la dégradation sont les mêmes qu'ailleurs. La cité souffre d'être mal reliée au reste de la ville. Les locataires arrivants sont de plus en plus pauvres. A peine dix ans après les premiers coups de pioche, les lézards apparaissent: défauts de conception, manque d'entretien. Le parc locatif s'abîme presque aussi vite qu'il a été construit. «Lorsqu'on a repris les 4000