Edmond-Luc Henry est président de l'Association française des hémophiles (A. F. H.), Michel Parigot gère le comité antiamiante du Jussieu. Avec quatre autres présidents d'association, ils ont participé au premier groupe de travail organisé mardi par le ministère de la Justice. Au total, douze associations ont groupé leurs forces contre le proposition de loi.
Que pensez-vous de la position du Sénat?
Edmond-Luc Henry. La ministre de la Justice semblait décidée à écouter nos critiques et à discuter. Mais le Sénat fait un coup de force et il met un terme à cette concertation. On ne peut pas analyser sérieusement les effets de cette modification des délits non intentionnels en huit jours. Les sénateurs manifestent donc une volonté délibérée d'empêcher que l'on puisse discuter de ce texte.
Michel Parigot. C'est clairement une proposition de loi qui a peur de la lumière. Les associations de victimes n'ont jamais été consultées, et nous représentons 10 000 morts par an, tandis que le Sénat cite le cas de 14 maires mis en examen et condamnés en cinq ans, des élus qui n'ont jamais fait un seul jour de prison. Quand nous avons demandé à être reçus, après le passage du texte à l'Assemblée, les sénateurs nous ont répondu qu'ils «n'avaient pas le temps». Mardi, Pierre Fauchon était présent. Nous lui avons renouvelé cette demande. Il nous a dit texto: «Vous n'y pensez pas. On a plein de choses à faire.» Cette réponse montre bien que leur seul problème est d'atténuer la responsabilité des élus