Tarbes envoyé spécial
Aux questions de ses avocats Bruno et Paul Lombard, il bredouille que «oui», il s'est «senti menacé». Mais au président qui lui demande pourquoi il a sorti son arme, il répond: «Je n'ai pas pu m'en empêcher.» L'ex-policier de la brigade anticriminalité (BAC) de Tarbes, André Marty, était peut-être un peu perdu cette semaine face aux jurés de la cour d'assises des Hautes-Pyrénées. En tout cas, il a eu tout le mal du monde à expliquer pourquoi, ce soir du mois d'août 1998, il a abattu d'une balle dans le dos le RMiste qui lui mendiait une cigarette.
«Mendicité interdite». Les témoins se sont bousculés à la barre. Parce que, ce 31 août, ils étaient nombreux devant le bureau de tabac. Une jeune aide-infirmière qui a entendu le policier dire: «Arrête, je peux te mettre un plomb.» Un étudiant qui a eu le sentiment qu'André Marty avait d'abord tiré vers le sol avant d'ajuster son coup à hauteur d'homme. Un bénévole du Secours catholique qui dit l'avoir vu un peu plus loin retourner avec le pied le corps agonisant d'Eric Benfatima. Ils ne racontent pas tous exactement la même chose. Ils sont en revanche d'accord pour ne pas comprendre comment une algarade anodine a pu aboutir à la mort d'un jeune homme de 31 ans, père de deux enfants. «Z'avez une cigarette?», aurait d'abord demandé Eric Benfatima, coiffé à l'iroquoise. «La mendicité est interdite à Tarbes», l'aurait rabroué le policier, qui passait acheter son tabac avant son service. Des mots, une petite bouscul