Quinze ans de malentendus autour du bac. Alors ministre de l'Education nationale, Jean-Pierre Chevènement popularise en 1985 le projet d'amener «80% d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat d'ici à 2000». Quatre ans plus tard, cet objectif est inscrit dans la loi d'orientation du ministre Jospin. Mais entre-temps, deux aspects essentiels du projet passent à la trappe. D'une part, le slogan est mémorisé sous la forme «80% de bacheliers» et non «80% au niveau du baccalauréat». D'autre part, on omet l'engagement le plus ambitieux de la loi de 1989: amener 100% d'une classe d'âge à un niveau de qualification minimum de CAP-BEP. Mais au milieu des années 80, ce niveau n'a pas le vent en poupe. Et pour cause: ses diplômés «ont été plus sensibles au chômage au cours de la période 1983-1987, qui correspond à un moment de forte recomposition, et de diminution, de la catégorie ouvrière», rappelle le Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Cereq). Les CAP-BEP jetés aux orties, la course au diplôme peut commencer: «passe ton bac d'abord» se transforme en «sans le bac point de salut».
Objectif 100% de qualifiés. Or, c'est faux. Selon le Cereq, les CAP-BEP «sont globalement une protection efficace contre le risque de chômage»: le «risque de chômage» est de 18% pour les titulaires de CAP-BEP, contre 37% pour les non-diplômés. Ces derniers (57 000 jeunes par an) sont aujourd'hui au coeur des revendications des syndicats enseignants. «Il faut atteindre l'objectif de 100%