Saint-Etienne envoyé spécial
La pancarte indique «Camp des nomades». Une petite route défoncée en bordure de Saint-Etienne (Loire), au milieu des mines désaffectées. Le quartier s'appelle le Clapier. Une trentaine de familles vivent là, juste au pied d'un crassier (terril), dans des conditions d'hygiène détestables. Les municipalités qui se sont succédé n'ont jamais rien voulu entendre. Egouts à ciel ouvert, manque de sanitaires, rien n'a changé en douze ans. Et puis, cet hiver, une épidémie d'hépatite a touché une partie des enfants. Un élu s'est indigné, une télé est venue, et la mairie a fini par installer quatre WC. Depuis plus de dix ans, il n'y en avait que deux, pour soulager près de 200 personnes.
Il restera beaucoup à faire. Deux points d'eau seulement alimentent le terrain. Certains des tuyaux en plastique qui y sont raccordés pour desservir les caravanes fuient. Ils ne sont pas enterrés. L'hiver, pour éviter le gel, les habitants laissent couler l'eau. Les points d'eau fuient de toute façon, comme les anciens WC. La municipalité règle la facture. Des travaux auraient coûté moins cher. Pour les eaux usées, un fossé à ciel ouvert borde le terrain. Une conduite découverte plonge également de l'usine située en amont. Les jours de grandes pluies, elle déborde largement autour des caravanes. L'eau racle les huiles de vidange qui s'échappent des moteurs démontés. Une partie des habitants travaillent à la récupération de ferraille. Ils vont chercher les voitures abandonnées