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Libération

Ménigon, entre isolement et internement.

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Hospitalisée d'office, l'ex-militante d'Action directe a regagné la prison.
publié le 14 juin 2000 à 2h12

Treize ans de détention et de très maigres visites. Nathalie Ménigon, l'ancienne militante d'Action directe, sombre peu à peu dans une grave dépression. Le 8 juin, elle a été transférée de la prison de Bapaume (Pas-de-Calais) ­ où elle purge une peine de réclusion criminelle à perpétuité pour deux assassinats ­ à l'hôpital psychiatrique du secteur. Placée d'office.

Le 3 juin, Bernard, un ami, l'a rencontrée au parloir: «Depuis deux ans, je ne l'avais jamais vue aussi mal, elle a un bras tout lacéré et recouvert de pansements. Quand je viens, elle fait des efforts, là elle était dépeignée, négligée, elle se laisse aller.» A 40 ans, la femme qui, au nom de l'anti-impérialisme, croyait à la lutte armée, «ne finit pas ses phrases, ne se souvient pas de ce qu'on vient de dire cinq minutes auparavant, ferme les yeux et semble ailleurs. Puis garde le silence pendant dix minutes». Bernard est l'une des rares personnes à être autorisées à la rencontrer. Une autre amie a un permis de visite, mais elle habite Toulouse et ne peut pas venir bien souvent, comme Bernard, qui vit à Marseille. Son frère et sa soeur vivent en région parisienne. «On ne peut pas se permettre trop de trajets, nous y allons une fois par mois, tous les deux», dit sa soeur.

Blocage. Les autres demandes qui émanent de vieux amis, rencontrés il y a bien longtemps, lors de luttes syndicales, sont bloquées. Sans raison apparente, sans motif clair. «Ça fait treize ans, soupire sa soeur, elle est privée de liberté, d'accor