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Libération
Interview

A 110 ans, ils seront bien vivants.

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Amenés à être de plus en plus nombreux, ils défient les lois de la statistique.
publié le 17 juin 2000 à 1h34

Montpellier

de notre correspondante

Jeanne Calment, citoyenne d'Arles et doyenne de l'humanité décédée en 1997 à presque 123 ans, était-elle une exception ou préfigurait-elle un phénomène plus global? Réunis mercredi à Rostock, en Allemagne, une quarantaine de biologistes, gériatres et démographes ont livré les premières conclusions de leurs recherches. Ces travaux bousculent les théories de la longévité et de la mortalité établies depuis le XIXe siècle et toujours incontestées. Le scénario extrême d'une société où l'on vit jusqu'à 150 ans n'appartient plus seulement au domaine de la science-fiction mais à une réalité proche. Démographe, chercheur à l'Inserm, coauteur avec Michel Allard et Victor Lèbre d'un recueil d'entretiens avec Jeanne Calment, et cofondateur d'Arles, Alliance pour la recherche sur la longévité et la survivance, qui réunit une quarantaine de chercheurs dans le monde, Jean-Marie Robine lève le voile sur le futur de l'humanité.

En quoi Jeanne Calment a-t-elle bouleversé les théories sur la longévité de l'espèce humaine?

Depuis Gompertz, père de la loi de mortalité, et Buffon, qui a établi que chaque espèce est caractérisée par une durée de vie spécifique, nous étions convaincus que l'être humain atteignait les limites de sa longévité autour de 100 ans. Le premier centenaire est apparu en 1800. Les recherches nous apprennent que jusqu'en 1945, ils apparaissent de manière sporadique. Mais à partir de l'après-guerre, la population des centenaires double tous les