Bernay envoyé spécial
Soudain, vendredi, la réalité du carambolage de Bourg-Achard (Eure), le 29 septembre 1997, est devenue plus perceptible que les schémas des experts présentés au tribunal correctionnel de Bernay. Il a suffi la lecture d'un témoignage par le président Patrick Picquandar pour comprendre cet incroyable enchaînement de collisions qui fit 12 morts et 94 blessés.
Ce matin d'automne brumeux sur la Normandie, Emmanuel Sliwinski circule sur l'A13 dans le sens Caen-Paris sur sa moto, une BMW R100. Le jeune gendarme arrive au niveau de Bourg-Achard, où il entre dans une nappe de brouillard très épais, à travers laquelle il devine des véhicules accidentés. Le choc est inévitable: le motard fait un vol plané et retombe sur le dos. Sliwinski se relève, espérant se mettre à l'abri sous la remorque d'un camion. Survient un autre poids lourd, qui heurte plusieurs véhicules. Une explosion projette à nouveau le motard sur la chaussée. Il essaie, cette fois, de se réfugier sur le terre-plein central de l'autoroute, où il assiste à la collision qui survient dans le sens Paris-Caen (des automobilistes ont freiné brutalement en découvrant l'accident sur l'autre voie).
Névrose. Quelques semaines plus tard, un médecin diagnostiquera chez Sliwinski une "névrose posttraumatique". Un autre motard, sur une Ducati, fut impliqué dans la même zone de collision: ce sont les médecins légistes qui identifièrent les restes du pilote.
En saisissant ainsi l'atrocité du carambolage de Bourg-Achar