Montpellier, envoyé spécial.
Quand elle montre les diplômes de comptabilité obtenus par son époux derrière les barreaux, Laurence Segura est fière comme une mère de jeune bachelier. A l'entrée du palais de justice de Montpellier (Hérault), la jeune femme présente les bulletins de notes du prisonnier studieux qui décrocha une mention dans une autre spécialité, celle de l'évasion. André Segura, 38 ans, se fit la belle cinq fois des prisons françaises et espagnoles entre 1985 et 1990. Entre-temps, il multiplia les vols à main armée et les cavales en France et à l'étranger: Espagne, Belgique, Suisse, Italie. Condamné onze fois par contumace, sa plus longue fuite a duré six ans, pour s'achever en 1997 à Annecy, où il paraissait mener une vie tranquille de père de famille.
Mine énigmatique. Laurence et André avaient rendez-vous hier. Devant la cour d'assises de l'Hérault, où André comparaissait pour trois vols à main armée commis dans des banques en 1987. Et où Laurence, qui quitte son homme le moins possible, est venue témoigner. Son homme en chemisette bleu clair, encadré par les policiers du GIPN dans le box des accusés. Et elle, assise sur le banc des témoins. Dès qu'ils se sont vus, les Segura se sont souri: Laurence, aux grands yeux bleus, André, qui lui adresse un message indéchiffrable du bout des lèvres. Quand elle est partie vers la salle des témoins, son sourire à lui s'est mué en une mine énigmatique qu'un expert psychiatre décrit comme "un sourire permanent, entre l'iro