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Libération

Hubert Védrine envisage des quotas.

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publié le 24 juin 2000 à 1h47

Alors que la mort de 58 clandestins à Douvres dans un camion étanche émeut l'Europe et relance le débat sur l'immigration illégale, Hubert Védrine met sur le tapis la question des quotas. Sur France Culture, le ministre des Affaires étrangères affirmait, mercredi: "En général, la thèse des quotas heurte notre sensibilité. C'est attentatoire à certains droits, mais beaucoup de pays gèrent leur politique d'immigration sous forme de politique de quotas pour adapter celle-ci aux besoins de leur économie et à leur capacité d'intégration." A l'heure de l'harmonisation européenne, le ministre a appelé à une "réflexion" qui ne devrait écarter aucune politique. "Regardez les Etats-Unis: il y a eu des quotas par pays, par origine régionale, il y a eu des quotas par profession." En France, depuis l'arrêt de l'immigration en 1974, le discours officiel entretient l'illusion d'une "immigration zéro". L'expression était devenue le leitmotiv d'un discours dogmatique et incontesté sur la fermeture des frontières. En envisageant la pratique des quotas, Védrine rompt avec cette position idéologique.

Sa déclaration relance en tout cas un débat passionnel, et pas seulement chez les politiques. Catherine Wihtol de Wenden, spécialiste de la citoyenneté et auteur d'un livre intitulé "Faut-il ouvrir les frontières?", estime que les quotas permettent d'inscrire l'immigration dans une "dynamique de reconnaissance" et d'instaurer une "politique de vérité" qui identifie les besoins en main-d'oeuvre de ma