"On a créé des clandestins institutionnels de la République. Tous les matins, Chevènement prend un tas de sable au ministère, se met la tête dedans et fait l'autruche pour ne pas les voir." L'accusation sur le sort des sans-papiers vient d'un responsable du Gisti (Groupe d'information et de soutien aux immigrés) et claque trois ans, jour pour jour, après la circulaire signée par Chevènement sur le "réexamen de la situation de certaines catégories d'étrangers en situation irrégulière". C'était une promesse de générosité de la gauche. Ce fut l'histoire d'un recul. Les conditions de ce "réexamen" ont conduit à la régularisation de 80 000 étrangers; 60 000 autres qui avaient fait une demande sont restés sur le carreau et sont aujourd'hui encore sans papiers.
Le 24 juin 1997, les sans-papiers sont en lutte depuis plus d'un an. Les haches ont enfoncé la porte de l'église Saint-Bernard, l'été précédent. Jospin vient d'arriver au pouvoir à la tête d'une majorité plurielle. La circulaire publiée ce jour explique dignement: "Fort de sa tradition républicaine d'accueil et de tolérance, notre pays a le devoir de mettre fin à la situation intolérable et inextricable des étrangers présents sur son territoire." Pour Jean-Pierre Alaux, du Gisti, cette circulaire "n'est pas l'oeuvre de la gauche, mais le résultat d'un rapport de force engagé par les sans-papiers". Mobilisés depuis la précédente loi Pasqua, ils espèrent qu'avec l'arrivée de la gauche leur sort va changer. "Avant la circulaire,